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Carnets de stage

Jeudi 15 septembre 2022 - Par Hortense Hutin



En route pour notre première journée vers l’Etablissement Public de Santé Mentale de la Somme, où l’Ensemble Contraste débute un projet de médiation dans le cadre du programme Plaines Santé 2022 mis en place par la DRAC Hauts de France.


Je viens de rejoindre l’équipe de Contraste en tant que stagiaire et suis très curieuse de voir ce que nous réservent nos artistes. Chansons en anglais, textes de théâtres, apprentissage de pas de danse selon les époques, musique… La liste est longue pour pouvoir plaire à tous. Peut-être même vais-je pouvoir en profiter aussi entre deux photos...


Mais le matin, les deux groupes surprennent tout le monde !

Ce sont des enfants de quatre à huit ans qui semblent pour la plupart ne pas entendre ce que les adultes ont à leur dire. Seuls quatre ou cinq d'entre eux réagissent aux consignes (« on lève les bras ! On danse ! ») et deux seulement ont l’air vraiment content. Au cours de l’atelier, le miroir, les tapis, l’échelle sont souvent bien plus captivants que ce qui est proposé (morceaux d’alto, jeux corporels). Il y a cependant un véritable instant de joie partagé par tous, capable même d’animer une petite fille qui semblait souffrir à cause du bruit : c’est lorsqu’à la fin de l’atelier, ils chantent en chœur et en ronde « Dansons la Capucine ».




L’expérience se répète ensuite avec des enfants de huit à douze ans, pas tout le temps concentrés. Cependant, Madlyn s’appuie sur les aides-soignants pour faire danser les enfants dont ils ont la charge, offrant un joli tableau de danse à deux, à laquelle ils se laissent aller avec une timidité touchante. Thomas fait l’essai d’un conte qui a l’attention de tous, fait rire et provoque même l’intervention d’un jeune garçon au sein du spectacle. Mais la musique peut être effrayante ! Certains en ont peur et préfèrent se tenir à l'écart des ateliers.




L'après-midi, les artistes sont en terrain plus confortable avec un groupe d’adolescents volontaire (ça tombe bien, nos artistes ont envie de s'amuser !). Le concert d’alto est émouvant et les jeux corporels établissent un contact physique et visuel entre ces jeunes de façon progressive. Mais lorsqu’il faut se mettre en duo et se laisser guider par l’autre sans se lâcher des yeux, un groupe de filles souffrant de troubles alimentaires se met de côté, puis sur conseil de leur aide-soignante, quitte la salle. Quelle déception pour nos artistes ! Ils croyaient avoir trouvé une voie encourageante pour faire entrer en relation ces publics adolescents qui craignent le regard des autres.

Enfin arrive notre dernier groupe de huit adultes. Ils sont en « ergothérapie » (une thérapie les préparant à se réinsérer dans la vie sociale). Comme à son habitude, Arnaud commence avec un concert d’alto, si émouvant qu’ils crient : « encore!» (j'étais bien contente qu'ils le réclament, c'était si beau !). Ensuite, on danse assis sur de la musique en imaginant qu’on enlace quelqu’un, on chante « we will rock you » en rythme, on crie comme les animaux, on rigole et pour finir, on apprend les paroles de La Vie en rose.

Je m'amuse bien moi !

"Comment savoir si les ateliers de cette journée ont plu ?", se demandent Arnaud, Madlyn et Thomas. C'est parfois difficile de répondre car artistes et jeunes parlent un langage différent, et les apparences peuvent être trompeuses. On apprendra par exemple qu’une petite fille agitée qui semblait souffrir de l'atelier était en fait particulièrement calme ce matin-là et est revenue souriante et sereine. A l’inverse, des enfants et des jeunes qui s’étaient remarquablement investis au cours de la séance ont conclu que « ça ne leur avait pas plu » voire que « c’était saoulant ».


Mais dans l'ensemble, on le voit bien quand les yeux brillent ou non d'intérêt. Peut-être même certains se sont-ils trouvés une vocation ?
















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